Les avantages des oméga-3 et leur caractère essentiel ne sont connus que depuis quelques décennies. Voici l’histoire de cette découverte.

Les acides gras polyinsaturés oméga-3 (également appelés n-3) et leurs cousins oméga-6 (n-6) sont des graisses essentielles qu'il faut obtenir dans l'alimentation.

L’acide gras alpha-linolénique, oméga-3, est le point de départ de composés plus complexes comme l’EPA et le DHA qui régulent la coagulation du sang, la contraction et la relaxation des parois artérielles, et l'inflammation. Ils interviennent aussi dans la régulation de la fonction génétique. Les acides gras oméga-3 sont importants pour la santé cardiovasculaire, l'humeur, la lutte contre l'inflammation, l’immunité, et la préservation des fonctions cognitives avec l'âge.

Au début du XXème siècle, les graisses alimentaires étaient simplement considérées comme une source de calories, qui pouvaient se substituer aux glucides. Puis en 1930, George Burr de l’université du Minnesota a suggéré que l’acide linoléique (oméga-6) était essentiel. Cette idée a mis du temps a être acceptée par les nutritionnistes mais elle a fini par s’imposer.

Cependant, les nutritionnistes ont longtemps cru que seul que l'acide linoléique était essentiel et que son cousin oméga-3 ne l’était donc pas.

Tout a changé à partir de 1974. Les chercheurs Danois Niels Kromann et Anders Green à la suite de plusieurs séjours et d’une étude épidémiologique conduite de 1950 à 1974 ont rendu compte de la santé des Esquimaux. Non seulement, comparés aux Danois, les Esquimaux de la banquise avaient très peu d’infarctus, mais ils étaient aussi beaucoup moins touchés, voire totalement épargnés par le diabète, les maladies de la thyroïde, l’asthme, la sclérose en plaques et le psoriasis. Les Esquimaux n’avaient pas moins de cancers, mais le cancer de la prostate était très rare chez eux.

De 1971 à 1980, deux autres Danois, Jorn Dyerberg et Hans Bang, poursuivent ce travail sur la côte ouest du Groenland. Ils relèvent que les Esquimaux consomment énormément de de poisson (400 g par jour en moyenne) et de viande de mammifères marins. Ils montrent qu’à partir de 200 g de poisson par jour l’incidence de maladies maladies cardiovasculaires est nettement inférieure à celle d’Esquimaux ayant émigré au Danemark. (4)

Au même moment, des observations similaires sont faites par les Drs Akira Hirai et Takashi Terano (université de Chiba, Japon) chez les habitants de l’archipel d’Okinawa, au sud du Japon. Les habitants d’Okinawa détiennent collectivement le record absolu de longévité de la planète. Les centenaires y sont 4 fois plus nombreux qu’en Occident, plus nombreux même qu’au Japon. Or a Okinawa on consomme en moyenne 250 g de poisson par jour soit 2 fois plus qu’au Japon. Les maladies cardiovasculaires y sont plus rares qu’au Japon.

Des oméga-3 dans le poisson

Le poisson consommé tant au Japon qu’au Groenland est très riche en acides gras oméga-3 à très longues chaînes, qu’on appelle EPA et DHA. En effet, ils avalent de grandes quantités de plancton riche en acide alpha-linolénique, le chef de file de la famille oméga-3 qu’ils transforment ensuite en EPA et DHA. De plus, ils mangent des petits crustacés et des petits poissons eux-mêmes riches en EPA et DHA.

Lorsqu’on mange du poisson gras, on bénéficie de ces oméga-3 à très longues chaînes. La difficulté aujourd’hui est que le poisson gras peut être contaminé par des toxiques comme le PCB, le mercure et les substances per- et polyfluoroalkyles. Pour ces raisons on conseille de ne pas dépasser 3 portions par semaine (2 pour les enfants et les femmes enceintes). On peut cependant faire appel à des suppléments d’huile de poisson non toxiques ou d’oméga-3 végans.

Bibliographie

(1) Egede H. Det gamle Grønlands ny Perlustration eller Naturel-Historie. Copenhagen, J. C. Groth, 1741.

(2) Kromann N : Epidemiological studies in the Upernavik district, Greenland. Incidence of some chronic diseases 1950-1974. Acta Med Scand. 1980, 208(5):401-406.

(3) Dewailly E : Inuit are protected against prostate cancer. Cancer Epidemiol Biomarkers Prev. 2003, 12(9):926-7.

(4) Bang HO & Dyerberg J : Lipid metabolism and ischemic heart disease in Greenland Eskimos. Adv Nutr Res 1980, 3, 1– 22.111.

(5) Hirai A : Eicosapentaenoic acid and platelet function in Japanese. Lancet 1980;2:1132-1133.

(6) Kagawa Y : Eicosapolyenoic acids of serum, lipids of Japanese islanders with low incidence of cardio vascular diseases. J Nutr Sci Vitaminol 1982, 28: 441-453.

(7) Boudreau DA : Project meeting report: International Workshop on Inuit Autopsy & Related Studies. October 2-3, 1997, Quebec, Canada. Int J Circumpolar Health. 1998, 57(4):292-299.