La vitamine E dans votre corps - Tout comprendre

La vitamine E

Qu'est-ce que la vitamine E ?

Le terme de vitamine E s’applique à deux familles de composés, les tocophérols (nommés respectivement alpha, bêta, gamma, delta) et les tocotriénols (nommés alpha, bêta, gamma, delta).

Il existe donc 8 formes de vitamine E. Parmi ces isomères, l’alpha-tocophérol est la forme de vitamine E la plus abondante dans l’alimentation et le plasma, et c’est aussi la forme la plus biologiquement active.

La vitamine E est un antioxydant. Elle protège de l’oxydation les corps gras de l’organisme (membranes cellulaires, cholestérol…). Elle possède aussi des propriétés anti-inflammatoires et immunomodulatrices.

Comment on la mesure

On trouve des mg, des UI et des alpha-tocophérols équivalents (alpha-TE).

•         1 mg de vitamine E synthétique = 1 UI

•         1 mg de vitamine E naturelle = 1 alpha-TE

Ce qui donne les équivalences suivantes :

•         1 mg dl-alpha-tocophérol (forme synthétique)= 1,1 UI = 0,74 alpha-TE
•         1 mg d-alpha-tocophérol (ou RRR de alpha-tocophérol, forme naturelle la plus active) = 1,49 UI = 1 alpha-TE

De combien de vitamine E ai-je besoin?

Les besoins sont difficiles à établir, car le déficit en vitamine E, contrairement à la vitamine C, ne se manifeste pas par une maladie aussi spectaculaire que le ­scorbut.

Selon la ration alimentaire chez l’animal, les besoins en vitamine E peuvent varier du simple au double.

Dans tous les pays, les apports officiels en vitamine E reflètent plus la consommation réelle qu’ils ne traduisent le résultat des études scientifiques.

En 1963, par exemple, les États-Unis ont conclu qu’un apport de 10 à 30 mg d’alpha-tocophérol par jour était nécessaire. La valeur médiane de 20 mg fut retenue. Cette valeur a été divisée par deux en 1974 lorsqu’on s’est aperçu que les Américains consommaient moins de 9 mg par jour. Le besoin moyen d’un adulte américain est aujourd’hui évalué à 12 mg par jour.

En France, l’ANSES a fixé un apport satisfaisant qui est l’apport moyen pour lequel le statut nutritionnel est jugé satisfaisant.

Apport satisfaisant (AS) pour la vitamine E (mg/j) en France

Où trouver la vitamine E ?

La vitamine E est principalement apportée par les aliments riches en graisses polyinsaturées. Les huiles végétales sont de bonnes sources de vitamine E. Sauf pour l’huile de palme, qui contient surtout des tocotriénols, ce sont généralement des tocophérols que l’on y trouve. Une cuillère à soupe d’huile de colza ou d’huile d’olive apporte environ 2 mg de vitamine E (essentiellement alpha-tocophérol).On trouve aussi de la vitamine E dans certains fruits à coque, surtout les amandes.

Dans les aliments, et en particulier dans les graisses végétales, elle perd une partie de son activité au cours des opérations de raffinage (15 à 20%) et de stockage (10%). Il est donc conseillé de consommer des huiles vierges.

La vitamine E est détruite par l’oxygène et les oxydants, puisque son rôle majeur consiste précisément à se laisser oxyder.

Elle est sensible à la lumière, et il est donc préférable de conserver les huiles dans des récipients opaques.

La vitamine E est relativement stable à la chaleur : lors de la cuisson, environ 20% de la vitamine E est perdue, surtout dans les cuissons agressives comme les friteuses.

Est-ce que je consomme suffisamment de vitamine E ?

Chez l’adulte, il n’existe pas d’équivalent du scorbut pour la vitamine E : on peut être carencé pendant des années en vitamine E sans que rien de visible n’advienne.

Dans l’étude SU.VI.MAX, près de 20% des hommes et 38% des femmes n’ont pas les 2/3 des apports conseillés. Situation plus critique encore dans l’étude Val-de-Marne : 40 à 90% des personnes sont en dessous des 2/3 des apports conseillés.

Dans l’étude de Bourgogne, selon leur âge, 10 à 40% des femmes ont des apports inférieurs à la moitié des apports conseillés (40% entre 40 et 49 ans). Et dans cette même étude, 13 à 22% des hommes entre 30 et 49 ans et 10 à 22% des femmes de 18 à 49 ans ont des signes de déficit modéré.

On pense que le tabagisme augmente l'utilisation de l'α-tocophérol, de sorte que les fumeurs pourraient être exposés à un risque accru de carence par rapport aux non-fumeurs.

Comment on évalue le statut en vitamine E

On considère qu’il y a déficit lorsque la concentration d’alpha-tocophérol dans le sang est inférieure à 20 micromoles par litre (μmol/L).

Que se passe-t-il si je ne consomme pas assez de vitamine E ?

Une carence sévère en vitamine E entraîne principalement des symptômes neurologiques, notamment des troubles de l'équilibre et de la coordination, des lésions des nerfs sensoriels (neuropathie périphérique), une faiblesse musculaire (myopathie) et des lésions de la rétine.

Quels sont les effets de la vitamine E sur la santé ?

Immunité

Le déclin naturel de la fonction immunitaire lié à l'âge s'accompagne d'une susceptibilité accrue aux infections, d'une moins bonne réponse à la vaccination et de risques plus élevés de développer cancers et maladies auto-immunes. Des études d’intervention montrent que la vitamine E améliore certains paramètres de l’immunité chez les personnes plus âgées.

Un essai randomisé contrôlé contre placebo mené auprès de 617 résidents de maisons de retraite âgés de plus de 65 ans a rapporté qu'une supplémentation quotidienne de 200 UI d'α-tocophérol synthétique pendant un an réduisait significativement le risque de contracter infections des voies respiratoires supérieures, en particulier le rhume, mais n'a pas d’effet sur les infections pulmonaires.

Maladies cardiovasculaires

Un essai d'intervention randomisé auprès de 39 876 femmes âgées de 45 ans et plus a montré qu'une supplémentation avec 600 UI d’alpha-tocophérol synthétique tous les deux jours pendant 10 ans a entraîné une réduction de 34 % des infarctus du myocarde non mortels et une réduction de 49 % des décès liés aux maladies cardiovasculaires, mais uniquement chez les femmes âgées d'au moins 65 ans au départ (représentant 10 % des participants à l'étude).

Un autre grand essai contrôlé et randomisé, la Physicians' Health Study II (PHSII) - mené chez des hommes d'âge moyen en bonne santé n’a cependant trouvé aucun effet significatif de 400 UI d'α-tocophérol synthétique, administré tous les deux jours pendant huit ans, sur le risque d'événements cardiovasculaires majeurs. En outre, des inquiétudes ont été soulevées concernant un éventuel effet nocif d'une supplémentation en vitamine E à forte dose sur le risque d’AVC hémorragique.

Les études chez les personnes à risque cardiovasculaire ont donné des résultats contrastés. Un petit essai chez des patients souffrant d’insuffisance rénale a révélé qu'une supplémentation avec 800 UI d’alpha-tocophérol synthétique pendant une moyenne de 1,4 année a significativement réduit le risque d'infarctus du myocarde par rapport au placebo. Une étude contrôlée randomisée plus récente a suggéré que la supplémentation en vitamine E pourrait bénéficier à un sous-groupe de patients atteints diabète. D'autres essais d'intervention de plus grande envergure menés chez des fumeurs, chez des personnes à risque de maladies cardiovasculaires ou chez des patients ayant subi un infarctus du myocarde n'ont pas trouvé de réductions significatives du risque de maladies cardiovasculaires avec des suppléments d’alpha-tocophérol. En outre, des effets potentiellement nocifs de suppléments à doses élevées ont été rapportés sur le risque d’AVC hémorragique.

Dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA)

Des suppléments d' antioxydants et de zinc pourraient réduire la progression de la maladie et la perte de vision chez les personnes atteintes de DMLA intermédiaire ou avancée dans un œil.

Diabète de type 2

Une méta-analyse de 14 essais contrôlés randomisés portant sur 714 personnes diabétiques de type 2, a révélé qu'une supplémentation en vitamine E (200 à 1 800 UI/jour pendant 6 à 27 semaines) n’a aucun effet sur les marqueurs du contrôle glycémique dont le taux d’hémoglobine glyquée (HbA1c). Malgré tout, des analyses en sous-groupes ont indiqué que des doses de vitamine E supérieures à 400 UI / jour pendant plus de 12 semaines réduisaient considérablement le taux d'HbA1c et la concentration d'insuline à jeun. Une autre méta-analyse récente d'essais contrôlés randomisés a révélé que la fonction endothéliale chez les patients de poids normal et en surpoids - mais pas obèses - atteints de diabète de type 2 était significativement améliorée par une supplémentation en vitamine E et/ou en vitamine C.

Maladie du foie gras (NAFLD, NASH)

La stéatose hépatique non alcoolique (NAFLD) résulte de l'accumulation anormale de graisse (stéatose) dans le foie en l'absence de forte consommation d'alcool. Bien que la maladie soit considérée comme largement bénigne, la NAFLD peut évoluer vers une maladie plus grave appelée stéatohépatite non alcoolique (NASH) avec des risques accrus de cirrhose, carcinome hépatocellulaire (cancer du foie) et maladie cardiovasculaire. Une méta-analyse récente de six essais a révélé que la vitamine E réduisait de manière significative les concentrations d’enzymes du foie chez les patients NAFLD et NASH, suggérant des améliorations de la fonction hépatique. D'autres études randomisées et contrôlées sont nécessaires pour confirmer ces résultats.

Détérioration cognitive et maladie d'Alzheimer

Dans la plus récente étude multicentrique, randomisée, en double aveugle et contrôlée par placebo, une supplémentation en vitamine E (2 000 UI/jour) pendant plus de deux ans a retardé de manière significative le déclin fonctionnel et réduit le taux de mortalité annuel chez les patients atteints de maladie d’Alzheimer légère à modérée. Pourtant, la vitamine E n'a pas affecté les performances cognitives.

La vitamine E peut-elle être nocive ?

Peu d'effets secondaires ont été notés chez les adultes prenant des suppléments de moins de 2 000 mg d'α-tocophérol par jour (vitamine E naturelle ou synthétique). Cependant, la plupart des études évaluant la sécurité de ces suppléments n'ont duré que quelques semaines à quelques mois. Certaines études ont trouvé des risques d’altération de la coagulation et donc d’AVC hémorragique chez les personnes qui prenaient des doses élevées de vitamine E pendant de longues périodes.

Un apport maximal tolérable de 1000 mg d’alpha-tocophérol par jour a été établi par le Food and Nutrition Board de l'Institut de Médicine américain.

La prise régulière de doses supérieures à 200 mg/j hors surveillance médicale est déconseillée. Si vous prenez des médicaments qui fluidifient le sang, si vous avez un risque d’hémorragie, si vous devez subir une opération chirurgicale, prudence avant de prendre des suppléments de vitamine E. D’une manière générale, consultez votre médecin avant toute supplémentation.

La vitamine E doit être prise au repas.

Comment choisir un complément alimentaire de vitamine E ?

Les chercheurs de l’Institut Linus Pauling de l’université de l’Oregon recommandent que les adultes en bonne santé (âgés de 19 ans et plus) prennent un supplément quotidien de vitamines et minéraux qui contient généralement de la vitamine E.

La vitamine E naturelle (d-alpha-tocophérol) est mieux absorbée et plus biodisponible que la vitamine E synthétique (dl-alpha-tocophérol). Elle est donc préférable.

Certains suppléments apportent tous les tocophérols. Enfin, il existe des suppléments apportant les tocophérols et les tocotriénols mais ils sont souvent extrêmement chers.

D’une manière générale, un supplément comme VM30, apportant de l’alpha-tocophérol naturel, ou les quatre tocophérols naturels, est conseillé.

Comment puis-je m’informer sur la vitamine E ?

Vous pouvez lire Le Guide des compléments alimentaires de Brigitte Karleskind.

Avertissement

Cette monographie a un caractère purement informatif. Elle n’est pas destinée à remplacer un avis médical. Nutristore vous encourage à parler à des professionnels de santé (médecin, diététicien-nutritionniste, pharmacien, etc.) de toute question portant sur les compléments alimentaires et la santé en général. 

Sources

Herbeth B, Potier de Courcy G, Sancho J, Bourgeay-Causse M, Carreguery G, Chau N, Delacoux E, Le Devehat C, Lemoine A, Mareschi JP, et al. "ESVITAF". Survey on  the vitamin status of the French: relationships between nutrient intake and biochemical indicators. Acta Vitaminol Enzymol. 1985;7(3-4):207-15.

de Carvalho MJ, Guilland JC, Moreau D, Boggio V, Fuchs F. Vitamin status of

healthy subjects in Burgundy (France). Ann Nutr Metab. 1996;40(1):24-51.

Hercberg S, Preziosi P, Galan P, Deheeger M, Dupin H. [Dietary intake in a representative sample of the population of Val-de Marne: II. Supply of macronutrients]. Rev Epidemiol Sante Publique. 1991;39(3):233-44.

Hercberg S, Preziosi P, Galan P, Deheeger M, Papoz L, Dupin H. [Dietary intake of a representative sample of the population of Val-de-Marne; III. Mineral and vitamin intake]. Rev Epidemiol Sante Publique. 1991;39(3):245-61.

Hercberg S. Communiqué de la coordination nationale SU.VI.MAX. Paris, 6 novembre 1998.

Meydani SN, Leka LS, Fine BC, et al. Vitamin E and respiratory tract infections in elderly nursing home residents: a randomized controlled trial. JAMA. 2004;292(7):828-836. 

Lee IM, Cook NR, Gaziano JM, et al. Vitamin E in the primary prevention of cardiovascular disease and cancer: the Women's Health Study: a randomized controlled trial. JAMA. 2005;294(1):56-65. 

Sesso HD, Buring JE, Christen WG, et al. Vitamins E and C in the prevention of cardiovascular disease in men: the Physicians' Health Study II randomized controlled trial. JAMA. 2008;300(18):2123-2133. 

Boaz M, Smetana S, Weinstein T, et al. Secondary prevention with antioxidants of cardiovascular disease in endstage renal disease (SPACE): randomised placebo-controlled trial. Lancet. 2000;356(9237):1213-1218. 

Evans JR, Lawrenson JG. Antioxidant vitamin and mineral supplements for slowing the progression of age-related macular degeneration. Cochrane Database Syst Rev. 2012;11:CD000254. 

Xu R, Zhang S, Tao A, Chen G, Zhang M. Influence of vitamin E supplementation on glycaemic control: a meta-analysis of randomised controlled trials. PLoS One. 2014;9(4):e95008. 

Montero D, Walther G, Stehouwer CD, Houben AJ, Beckman JA, Vinet A. Effect of antioxidant vitamin supplementation on endothelial function in type 2 diabetes mellitus: a systematic review and meta-analysis of randomized controlled trials. Obes Rev. 2014;15(2):107-116. 

Ji HF. Vitamin E therapy on aminotransferase levels in NAFLD/NASH patients. Nutrition. 2015;31(6):899. 

Dysken MW, Sano M, Asthana S, et al. Effect of vitamin E and memantine on functional decline in Alzheimer disease: the TEAM-AD VA cooperative randomized trial. JAMA. 2014;311(1):33-44.