Il existe sur terre un endroit où le temps semble suspendu, où les années ajoutent de la sagesse sans ôter la vitalité. Ce lieu existe et se trouve sur l'île d'Okinawa, un archipel de 161 îles de la mer de Chine, entre Japon et Taïwan.
Ici, le vieillissement ne suit pas les règles auxquelles nous sommes habitués. Avec 4 fois plus de centenaires qu’en France, c’est à Okinawa que l’on vit le plus longtemps sur cette planète. On vit en moyenne plus vieux à Okinawa qu’au Japon, pays qui détient pourtant des records de longévité : 83,8 ans à Okinawa, contre 82,3 ans au Japon. Non seulement les Okinawans vivent très longtemps, mais ils vivent plus longtemps en bonne santé que partout ailleurs. Ils courent trois à quatre fois moins de risques de cancer et d’autres maladies dégénératives liées à l’âge.
Trois chercheurs ont récemment percé le secret de longévité des habitants d’Okinawa : un gériatre, le Dr Makoto Suzuki et les frères Bradley et Craig Willcox, l’un médecin, l’autre anthropologue.
Découvrez ci-dessous les surprenants résultats de leur enquête.
Makoto Suzuki est envoyé en 1970 sur l’archipel avec mission d’y créer un dispensaire. Là, il rencontre centenaire sur centenaire. Intrigué, il se rend à la préfecture d’Okinawa, où les registres de naissance et de décès sont à jour depuis 1872 et relève les noms de 28 centenaires. « Je suis allé les voir ou je les ai appelés. Sur les 28, 24 vivaient chez eux, 24 étaient en bonne santé, 4 étaient en maison de retraite. »
Stupéfait, le Dr Suzuki persuade en 1976 le ministère de la Santé japonais de financer une étude sur les centenaires d’Okinawa. » Au début des années 1980, il est rejoint par 2 étudiants canadiens, Bradley et Craig Willcox. Ensemble, ils vont recueillir des données très détaillées sur 675 centenaires. C’est le début de l’étude des centenaires d’Okinawa. Elle suit aujourd’hui près de 600 centenaires, et 4 super-centenaires de plus de 110 ans.. »
Obésité et maladies cardiovasculaires sont rares à Okinawa. Mais des études ont montré que les natifs d’Okinawa qui ont émigré en Amérique du Sud et changé de mode de vie ont les mêmes risques d’obésité et de maladies cardiovasculaires que les habitants des pays dans lesquels ils se sont installés. Leur espérance de vie est inférieure de 17 ans à celle des habitants d’Okinawa. En revanche, les émigrés qui continuent de vivre comme dans l’archipel parviennent à un âge avancé.
Ceci signifie que si les gènes ont une influence sur la longévité, elle est modulée par le mode de vie. Un facteur en particulier semble prépondérant : la quantité de calories.
Les personnes les plus âgées d’Okinawa ont en commun de manger peu. Elles ne consomment en moyenne que 1800 calories (kcal) par jour, alors que ce chiffre est de 2300 calories pour un Français.
Les chercheurs pensent que réside là le secret de longue vie des centenaires d’Okinawa : une quantité de calories inférieure de 15% environ à ce qui est consommé ailleurs.
En effet, dans toutes les expériences faites jusqu’ici, aussi bien sur des animaux que des hommes, la quantité de calories est associée au vieillissement : plus on mange, plus on vieillit. Chez l’animal, la restriction calorique augmente l’espérance de vie de 50% à 300% selon les modèles étudiés. Chez l’homme, on estime que la frugalité pourrait allonger la vie de 1 à 5 ans.
Les mécanismes anti-âge de la restriction calorique vont de la diminution du stress oxydant, à la baisse de l’inflammation chronique, en passant par la meilleure santé cardiométabolique (pression artérielle, corpulence, glycémie…). Le problème de la restriction calorique est qu’elle peut entraîner des déficits nutritionnels, et aussi fragiliser muscles et os.
Pourtant, il n’y a chez les centenaires d’Okinawa aucune trace de malnutrition... Alors comment expliquer ce paradoxe ?
La raison en est qu’ils consomment des aliments dont la densité calorique (rapportée au poids) est faible, qui conduisent plus vite à la satiété et sont aussi plus riches en vitamines et minéraux.
Grâce à eux, les habitants d’Okinawa peuvent manger sans se priver, sans grossir et en vieillissant au ralenti. À l’inverse, la plupart des aliments qui nous sont proposés en supermarché ou au restaurant ont une densité calorique élevée : aliments ultra-transformés, pizzas, produits de panification, hamburgers, sodas, pommes de terre, pain blanc, barres chocolatées, etc… Plus de la moitié des calories avalées par les Français viennent de céréales raffinées et des sucres ajoutés. Pour être rassasié avec de tels repas, il faut forcément accumuler les calories et donc accélérer son vieillissement.
Comment se nourrir en se rapprochant du modèle d’Okinawa ?
En suivant par exemple les conseils donnés par Thierry Souccar et Angélique Houlbert dans La meilleure façon de manger c’est-à-dire en privilégiant en quantité des fruits, légumes, algues, soupes, à la fois peu caloriques et rassasiants. Et d’une manière générale en consommant des aliments à index glycémique bas à modéré : pain complet au levain, riz complet.
Comme sources de protéines, on peut varier légumineuses, poissons maigres et poissons gras riches en oméga-3, et un peu de viande si on est omnivore. Par précaution, surtout si on réduit ses calories, on prendra un complément de vitamines et minéraux pour pallier tout risque de déficit. On pourra associer à un régime de ce type la pratique régulière du jeûne intermittent.
En adoptant des habitudes similaires, non seulement nous pouvons aspirer à une longévité accrue, mais également à une qualité de vie améliorée, à tous les âges. Le secret de la longévité à Okinawa réside dans la simplicité : choisir des aliments bruts, naturels et complets, limiter le nombre de calories ingérées, et trouver un équilibre entre plaisir et santé. Et souvenez-vous, le voyage vers une vie plus longue et plus heureuse commence dans votre assiette !