Le benzoate de sodium (E211) est un conservateur que l’on trouve dans de nombreux compléments alimentaires. Il est très controversé, et classé en rouge (à éviter) dans Le Nouveau Guide des Additifs, le livre de référence basé sur la science écrit par la Dre en pharmacie Anne-Laure Denans. Pour quelles raisons ? Elle l’explique dans cet article.
À quoi sert le benzoate de sodium ?
Le benzoate de sodium est un additif alimentaire couramment utilisé comme conservateur pour empêcher le développement de moisissures, levures et bactéries dans les produits alimentaires et les boissons. Il est souvent utilisé en combinaison avec l'acide citrique ou l'acide ascorbique (vitamine C), car il est plus efficace dans des environnements acides (pH inférieur à 4).
Les experts de l’Efsa, qui est l’agence européenne de sécurité des aliments ont autorisé son utilisation mais ont fixé une DJA (dose journalière admissible) c’est-à-dire la quantité journalière maximale qu’il ne faut pas dépasser dans sa consommation quotidienne. Elle est de 5 mg par kg de poids corporel et par jour (1).
Où trouve-t-on le benzoate de sodium ?
Le problème, c’est que le benzoate de sodium est présent dans de nombreux aliments de consommation courante.
Dans les aliments. On le rencontre principalement dans les boissons aromatisées, les sauces comme la mayonnaise ou le ketchup, ainsi que dans les produits de la mer, notamment le tarama ou d'autres produits transformés à base de poissons.
Dans les compléments alimentaires. Le benzoate de sodium est également utilisé dans de nombreux compléments alimentaires, surtout les formes buvables, principalement pour prolonger leur durée de conservation.
Les risques du benzoate de sodium
Après avoir examiné les habitudes de consommation de la population européenne, l’Efsa mentionne que la DJA est dépassée dans certains groupes, notamment chez ceux qui consomment régulièrement des boissons aromatisées. Le problème c’est que le benzoate de sodium soulève depuis plusieurs décennies des interrogations quant à ses effets délétères sur notre santé.
Le benzoate de sodium pourrait favoriser le TDAH
Plusieurs études ont trouvé un lien entre cet additif et les troubles du déficit de l’attention avec hyperactivité (TDAH). Parmi celles-ci, j’ai choisi de vous décrire deux études de grande ampleur qui ont été réalisées chez les enfants et qui sont considérées comme les plus probantes :
- Une équipe de chercheurs américains (2) a testé directement l’effet d’une alimentation dépourvue de colorants de synthèse et de conservateurs chez des enfants. Elle a recruté 1873 enfants hyperactifs âgés de 3 ans qui ont suivi pendant une semaine un régime totalement dépourvu de ces deux catégories d’additifs. À l’issue de cette semaine, les enfants ont été séparés en deux groupes, l’un recevant soit une mixture contenant 1 conservateur (benzoate de sodium E 211) et 4 colorants alimentaires – jaune sunset (E 110), tartrazine (E 102), carmoisine (E 122) et rouge ponceau 4R (E 124) – à raison de 5 mg de chaque colorant par jour pendant une semaine, l’autre groupe recevant un placebo. Résultats : durant la première semaine, les symptômes du TDAH ont significativement diminué chez tous les enfants. Par la suite, les enfants qui avaient eu droit à la mixture de colorants et de benzoate de sodium ont vu leurs symptômes revenir, contrairement à ceux qui recevaient un placebo.
- Le journal médical de référence The Lancet a publié une étude en double aveugle, menée par des chercheurs de l’université de Southampton (3). Celle-ci a montré à nouveau que la consommation de plusieurs colorants artificiels et de benzoate de sodium (un conservateur) est associée à une augmentation de l’hyperactivité chez 2 groupes d’enfants âgés de 3 ans et ceux âgés de 8 à 9 ans.
Conclusion : l’ensemble des études doit inciter à la prudence et il vaut mieux éviter le benzoate de sodium chez les personnes à risque de TDAH.
Le benzoate de sodium peut se transformer en benzène, un composé cancérogène
Depuis de nombreuses années, le sujet de la cancérogénicité potentielle du benzoate de sodium fait polémique. Tout a commencé par des études réalisées in vitro sur des lymphocytes (globules blancs) humains (4) (5). Ces études ont montré que cet additif peut endommager l’information génétique de la cellule, ce qui peut conduire à des mutations susceptibles de mener à un cancer. Les résultats de ces études ont fait débat.
Puis en 2016, les experts de l’Efsa ont réévalué le dossier du E211. Dans le résumé de ce dossier, ils expliquent que les données scientifiques disponibles n'indiquent pas que le benzoate de sodium et les sels apparentés sont potentiellement cancérogènes.
Mais ce qui est plutôt inquiétant figure dans leur conclusion (1). Les experts de l’Efsa préconisent une vigilance particulière lors du stockage des produits (boissons gazeuses ou autre) contenant du benzoate de sodium. En effet, ils mentionnent clairement qu’en présence de vitamine C le E211 peut entraîner la formation de benzène.
Or, le benzène est un composé organique volatil hautement toxique pour l’organisme humain, classé comme cancérogène avéré (groupe 1) par le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC).
Même si l’objectif de l’Efsa dans ses conclusions, est de mettre en garde les fabricants, les distributeurs ou les consommateurs sur les conditions de stockage et de conservation des produits contenant du E211, afin de maintenir une teneur en benzène dans les boissons à un niveau le plus faible possible, ce n’est guère rassurant…
Le benzoate de sodium pourrait provoquer des réactions allergiques
Enfin, toujours dans le dossier de réévaluation du E211, les experts de l’Efsa mentionnent que le benzoate de sodium peut augmenter les réactions d’hypersensibilité c'est-à-dire des réponses excessives et anormales du système immunitaire. Cela peut arriver même à des doses inférieures à la DJA, en particulier chez les personnes sensibles. Parmi ces réponses, ils évoquent l’urticaire et l’anaphylaxie. C’est une réaction allergique grave et rapide qui peut affecter tout le corps, provoquant des symptômes comme des difficultés respiratoires, un gonflement ou une chute de la pression artérielle, nécessitant une intervention médicale urgente.
Ils alertent sur le fait que, d’après les études, certaines personnes atteintes de dermatite atopique, de prurit, d’urticaire ou de rhinite sont particulièrement sensibles au E211, même à faible dose.
Ce qu’il faut retenir : mon enquête sur le benzoate de sodium pour Le Nouveau Guide des Additifs, m’a conduite à le classer en rouge. Depuis, cet avis n’a pas changé car aucun élément nouveau n’est de nature à nous rassurer ni remettre en cause mes conclusions. J’ai fait part de mon expertise au Comité scientifique de Nutrissime qui partage mon avis. Soyez rassuré, nous vous garantissons que vous ne trouverez jamais de benzoate de sodium ni aucun de ses dérivés dans nos compléments !