Qu’est-ce que le système immunitaire ?

Réponse avec Thierry Souccar, auteur du livre « Arrêtons de saboter notre immunité ».

Le système immunitaire est un dispositif de surveillance, d’intervention et de réparation, hérité de centaines de millions d’années d’évolution.

 

Un rôle qui va au-delà de la lutte contre les infections

Le grand public a tendance à réduire le système immunitaire à la lutte contre les infections, mais celui-ci se met en action dès qu’il perçoit quelque chose d’anormal : une invasion virale, bactérienne ou fongique, certes, une blessure, mais aussi bien d’autres anomalies.

Si vos cellules adipeuses se chargent de graisses, il va se mettre en action pour tenter de corriger ce qu’il considère comme une perte d’harmonie ou d’équilibre (les scientifiques parlent d’homéostasie). Un peu comme s’il assimilait cette surcharge de graisses à l’invasion d’un virus. Or, s’il peut venir à bout d’une invasion virale, le système immunitaire ne peut pas vous faire maigrir. Dans des situations « anormales » comme le surpoids et l’obésité, il va donc rester en permanence, et inutilement, activé.

C’est également le cas dans l’asthme, l’allergie, les maladies coronariennes, la résistance à l’insuline et le diabète, l’arthrose, la goutte, et même la dépression.

Le mode de vie peut activer le système immunitaire : manque de sommeil, stress, exposition excessive au rayonnement solaire, exposition à la pollution atmosphérique, aux pesticides, aux résidus de médicaments, aux produits néoformés lors de la cuisson des aliments.

Tous ces événements entraînent une suractivation du système immunitaire, c’est-à-dire une inflammation. C’est la réponse du corps lorsque des tissus sont stressés, endommagés, menacés ou fonctionnent mal.

Il n’est jamais bon que le système immunitaire soit activé en permanence, de manière chronique car cela entretient une inflammation qui abîme les tissus et les cellules et fait vieillir le système immunitaire lui-même, le rendant moins performant en cas d’infection.

Schéma extrait du livre Arrêtons de saboter notre immunité de Thierry Souccar

Les deux bras armés du système immunitaire

L’immunité innée

La première ligne de défense s’appelle immunité innée. C’est une réaction défensive rudimentaire, mais immédiate, qui n’a pas besoin d’avoir enregistré la signature d’un microbe. Nous sommes exposés chaque jour à des millions d’agents pathogènes potentiels, que ce soit par contact, ingestion ou inhalation. Il faut donc réagir à cette menace sans tarder, ce que fait la réponse immunitaire innée, très rapide (quelques heures).

Bien que le système immunitaire inné ne soit pas aussi fin, aussi malin que le système adaptatif (voir plus loin) dans sa reconnaissance des microbes, il est capable de faire la distinction entre ce qui appartient à votre corps et ce qui ne lui appartient pas.

Mais les menaces ne sont pas limitées aux agents pathogènes. Elles peuvent aussi venir de l’intérieur. Dans ce cas, il s’agit d’anomalies comme par exemple des cristaux de cholestérol, ou encore des signes biologiques que la cellule a subi un stress.

Tous ces événements sont susceptibles de déclencher une alarme qui active plusieurs protéines appelées cytokines. Ces cytokines vont coordonner la réponse immunitaire avec recrutement de cellules immunitaires au site d’infection, dans le but d’éliminer les agents pathogènes ou résoudre les problèmes rencontrés par les tissus.

  

L’immunité adaptative

Lorsque les mécanismes innés sont insuffisants pour éliminer une infection, la réponse immunitaire adaptative est mobilisée. Elle a besoin de plusieurs jours pour s’établir, mais elle est spécifique à un virus ou une bactérie. Il existe deux types de réponses adaptatives : la réponse immunitaire humorale, qui est contrôlée par les cellules B activées et les anticorps et la réponse immunitaire à médiation cellulaire, qui est contrôlée par les cellules T activées.

Ces cellules ou lymphocytes sont des globules blancs de petite taille. Ils se forment avec d’autres cellules sanguines dans la moelle osseuse. Les lymphocytes B et les lymphocytes T sont programmés pour reconnaître des antigènes. Si le virus ou la bactérie n’est plus jamais rencontré au cours de la vie, les cellules mémoire B et T circuleront pendant quelques années voire plusieurs décennies et mourront progressivement. Cependant, si vous êtes exposé à nouveau au même type d’agent pathogène, ces cellules se transformeront immédiatement en cellules spécialisées pour éliminer l’envahisseur.

  

Le rôle du mode de vie dans l’immunité

Il est crucial. Le mode de vie, et en particulier le mode d’alimentation, peut ou non activer le système immunitaire, soit directement, soit indirectement par la prise de poids par exemple.

Certains aliments sont pro-inflammatoires, comme les acides gras oméga-6 en excès, les aliments trop cuits, les aliments présentant des résidus de pesticides.

Par ailleurs, les déficits en nutriments essentiels peuvent affaiblir la réponse immunitaire, tandis qu’en cas d’infection et/ou d’inflammation, certains nutriments sont surutilisés et doivent donc être apportés en permanence. C’est le cas des protéines alimentaires, et de certaines vitamines et minéraux comme la vitamine C dans les maladies respiratoires, la vitamine A dans les infections virales, le zinc.

De la même manière, des excès de certains nutriments peuvent nuire à l’immunité. L’exemple classique étant celui du zinc, ou des apports supérieurs à 50 mg par jour abaissent le statut en cuivre par antagonisme, ce qui se traduit par une moindre résistance aux infections.

Pour en savoir plus : Arrêtons de saboter notre immunité