LE GUIDE PRATIQUE DES VITAMINES
PARTIE 2 : Qui est à risque de déficit ?
Les besoins individuels en vitamines varient avec l’âge, le sexe, la corpulence, l’état de santé, le mode d’alimentation, la prise de médicaments, l’ensoleillement…
Vous habitez en France métropolitaine, Suisse, Belgique ou Canada : surveillez votre statut en vitamine D en hiver
Dans ces régions du globe, la vitamine D est synthétisée par exposition aux ultraviolets B (UVB) du soleil entre mars-avril et octobre, à condition bien sûr de s’exposer suffisamment (une fois par jour, visage protégé, bras et jambes découverts pendant 15 à 20 minutes).
Mais les réserves de vitamine D faites ainsi aux beaux jours sont quasiment toutes épuisées en novembre ; dès ce mois-là, la quantité d’UVB qui atteint la surface terrestre est insuffisante, et en plus, ces UVB ont une longueur d’ondes qui ne permet pas la synthèse de vitamine D. Cela explique pourquoi les déficits sont très répandus à ces latitudes à la saison froide.
Vous avez plus de 65 ans : surveillez B9, B12, C
Avec l’âge, les capacités d’absorption de certains nutriments diminuent, en particulier folates (B9) et vitamine B12. La vitamine B12 est clairement un nutriment à risque et son déficit peut conduire à une forme d’anémie appelée pernicieuse, ainsi qu’à une détérioration des capacités cognitives qui évoque Alzheimer, mais disparaît avec la correction du déficit par la prise de suppléments.
La vitamine C peut aussi venir à manquer après 65 ans, en raison de changements alimentaires qui font délaisser les aliments frais (fruits, légumes).
Vous suivez un régime hypocalorique, vous mangez beaucoup de féculents ou de sucres, vous buvez de l’alcool : surveillez la thiamine (B1).
Il est très difficile de couvrir ses besoins en B1 lorsqu’on consomme moins de 1200, voire 1400 calories (kcal) par jour. Les régimes amaigrissants pauvres en calories, le jeûne prolongé, l’alimentation des personnes âgées si elle n’est pas suffisamment calorique sont autant de situations qui peuvent conduire à des déficits.
La plupart des vitamines du groupe B étant impliquées dans le métabolisme des glucides (sucres), une alimentation riche en céréales, féculents, sucres simples peut conduire à des déficits de thiamine, par surutilisation de cette vitamine.
La consommation excessive d’alcool utilise de grandes quantités de vitamines du groupe B, notamment B1, mais aussi B6, B9 et C. Les alcooliques sont presque toujours carencés en B1.
Vous mangez beaucoup de viandes, poissons, charcuteries, laitages, ou vous prenez des compléments de protéines : surveillez la B6
Un excès de protéines alimentaire peut entraîner une surutilisation des vitamines B6, B9, B12, donc un déficit.
Vous êtes végétarien strict ou végan : surveillez la B12, la B8 et la choline
Ces régimes peuvent dans certains cas conduire à des déficits en vitamine B12 (qu’on ne trouve que dans dans les produits animaux), voire en biotine (B8).
Les déficits en B12 chez les végétariens concerneraient 62% des femmes enceintes, 25 à 86% des enfants, 21 à 41% des adolescents et 11 à 90% des personnes âgées, et ils sont plus profonds et plus répandus chez les végans. Pour ces raisons, il faut prendre des suppléments de vitamine B12 par précaution.
La choline se trouve surtout dans les aliments d’origine animale même s’il y en a dans le soja, et des déficits ont pu être observés chez les végétariens et les végans.
Vous fumez, vous souffrez d’anémie, d’asthme ou d’inflammation ou de maladie chronique : surveillez la C
Les fumeurs manquent souvent de vitamine C, parce que la fumée de cigarettes détruit cette vitamine et aussi parce que leur régime est pauvre en fruits et légumes. Les fumeurs manquent aussi de vitamine B9.
L’anémie ferriprive, l’anémie mégaloblastique accroissent les besoins en vitamine C.
Les patients qui souffrent d’arthrite rhumatoïde ont des taux de vitamine C abaissés.
Dans les maladies inflammatoires du côlon (Crohn, rectocolite ulcéreuse), les médecins prescrivent parfois des régimes pauvres en fruits et légumes, ce qui créée des déficits en vitamine C.
Les patients souffrant d’asthme, de bronchite chronique ont un risque élevé de déficit en vitamine C.
Dans de nombreux cancers, la leucémie lymphoïde aiguë, l’infarctus du myocarde, l’athérosclérose, les besoins en vitamine C sont augmentés.
Une infection ? Surveillez la A
Au cours d’une infection, aiguë ou chronique, le taux de vitamine A diminue. Dans l’infection au HIV on note des déficits fréquents en vitamines A, B9 et B12.
Des troubles de l’absorption ? Surveillez A, D, E, K, B9, B12
Les malabsorptions digestives, les pancréatites, les cholestases chroniques entraînent presque toujours des déficits en vitamines A, D, E et K.
Les gastrectomies conduisent à des déficits en B12, les résections de la dernière anse iléale en B12 et C.
Vous prenez des médicaments ?
Les antibiotiques peuvent détruire la flore intestinale, à l’origine de la synthèse de vitamines K et B9.
Les antifoliques (méthotrexate) sont prescrits dans certains cancers parce qu’ils provoquent l’arrêt de la division cellulaire ; ils peuvent entraîner une carence en folates pendant le traitement.
Les anti-inflammatoires et antirhumatismaux peuvent affecter le niveau de vitamine C. C’est le cas avec l’aspirine en utilisation prolongée mais aussi les corticoïdes.
Les antituberculeux (isoniazide) ont une activité anti-vitamine B6 et parfois B3.
La metformine, un antidiabétique, peut abaisser le taux de vitamine B12.
Les anticonvulsivants (antiépileptiques) nuisent au statut en vitamine B9 et en vitamine D.
Les contraceptifs oraux peuvent parfois entraîner une baisse du statut en vitamines C, B12, B6, mais aussi une élévation du taux de vitamine A.