« Auteur du livre “Famille presque zéro déchet, ze guide”, Jérémie Pichon s’affirme militant associatif et travaille depuis 15 ans pour des ONG environnementales. Il raconte le passage au zéro déchet dans sa famille. Un guide instructif et distrayant, illustré par son épouse, Bénédicte Moret alias Bloutouf.
Quel a été le déclic pour passer au zéro déchet?
Au début des années 2000, on ramassait les déchets sur les plages avec l’association Surfrider, puis on a créé la même chose sur les montagnes. On ramassait les déchets un peu partout: des mégots, des emballages de barres alimentaires, qu’on retrouvait dans la nature, dans le cycle de l’eau, avalé par les vaches dans les pâturages ou par les poissons dans les océans. Le démarrage il
vient de là. En constatant qu’on surconsommait des produits suremballés, à un moment donné une grande partie se retrouvait dans l’écosystème. En 2014 on pensait faire bien mais on avait toujours une poubelle qui finissait dans les incinérateurs. Alors on a décidé de la vider dans le jardin sur une bâche et on a regardé précisément ce qu’on avait dedans. C’est le premier article du blog qui est devenu depuis ce livre. Le suremballage n’est cependant que la partie émergée de l’iceberg. Il prend énormément de place dans votre chariot et votre poubelle. On nous vend des produits pas très bon pour notre santé dont on peut se passer simplement en décidant de ne pas les acheter. Il faut consommer différemment, adopter un mode de vie avec une logique plus lente. Éviter le gaspillage tout simplement.
Pour passer au zéro déchet, par quoi faut-il débuter?
Il faut d’abord avoir envie de le faire. Le plus simple est de commencer par un compost. Un tiers de votre poubelle est de matière organique. Même quand on habite en collectif on peut avoir des composts au bas des immeubles. Les collectivités, de plus en plus, prennent le relais. Pour les courses, il faut supprimer le maximum d’emballage, privilégier le vrac et se détourner des grandes surfaces. Utiliser cabas, sacs en tissus et des Tupperware® ou des bocaux pour aller acheter son fromage chez le fromager ou sa viande chez le boucher. C’est assez simple, il suffit d’y penser et d’avoir son petit kit course dans la voiture. Mais une fois qu’on est dans la logique, c’est le premier pas qui compte. Et même vos commerçants vous remercieront car pour eux aussi c’est une économie, ça leur coûte d’acheter des petites barquettes en plastique.
Cette démarche du zéro déchet n’est-elle pas un peu trop radicale?
Quand on est militant écologiste, à un moment il faut être cohérent, ne pas continuer à alimenter le système alors qu’on a conscience qu’il nous ruine la vie et la santé. On se pose les bonnes questions et on devrait tous le faire. Si tout le monde en faisait un tout petit peu, on limiterait la casse. »
L'indépendant - Article du 06.03.2016